Jouez les incontournables de Michel Fugain au piano

Découvrez l'univers musical de Michel Fugain, artiste emblématique de la chanson française dont les mélodies joyeuses et les messages humanistes ont marqué plusieurs générations. Né le 12 mai 1942 à Grenoble, ce chanteur-compositeur a su créer un répertoire unique, oscillant entre optimisme et engagement. Son parcours artistique, débuté dans les années 1960, s'est enrichi d'une aventure collective hors du commun avec le Big Bazar, formant ainsi une œuvre musicale accessible à tous.

Pour les amateurs de piano, les chansons de Michel Fugain représentent un trésor de mélodies entraînantes. Ses compositions, influencées par le jazz, la bossa nova et les musiques du monde, offrent une richesse harmonique particulièrement appréciée des pianistes. Ses textes, empreints de joie de vivre et de liberté, continuent d'inspirer musiciens et mélomanes, faisant de son répertoire un incontournable pour qui souhaite apprendre à accompagner des chansons françaises au piano.

Des Débuts Prometteurs dans l'Ombre du Cinéma

Le jeune Michel grandit dans la campagne iséroise, fils de Pierre Fugain, médecin et ancien résistant communiste. Cette enfance baignée dans un climat politique et culturel intense forge sa personnalité d'artiste engagé. Passionné par le cinéma de la Nouvelle Vague, il abandonne ses études de médecine pour rejoindre Paris en 1963. Son objectif ? Devenir cinéaste.

Il débute comme assistant réalisateur auprès de grands noms du cinéma français comme Yves Robert et Jean Delannoy. Mais c'est lors de cours d'art dramatique donnés par Yves Furet qu'il rencontre Michel Sardou. Cette amitié change le cours de sa vie. Michel Fugain se découvre une passion pour la composition musicale. Il écrit ses premières mélodies pour Sardou, qui enregistre quatre chansons dont Le Madras et Il pleut sur ma vie en 1965.

Cette révélation musicale le conduit à signer un contrat d'édition chez Barclay. Il compose alors pour des vedettes comme Hugues Aufray, Marie Laforêt et Dalida. En 1967, sa carrière solo décolle véritablement avec la sortie de Je n'aurai pas le temps, écrite par Pierre Delanoë. Cette chanson emblématique, qui obtient la médaille d'or du Palmarès des chansons de Guy Lux en octobre 1967, devient rapidement un classique de la variété française. Sa mélodie touchante et ses paroles profondes en font aujourd'hui un morceau incontournable pour les pianistes débutants.

L'Aventure du Big Bazar : Une Révolution Musicale

L'année 1971 marque un tournant décisif. Inspiré par les Humphries Singers découverts en Allemagne, Michel Fugain imagine une troupe musicale originale. Après des auditions à Bobino, il constitue le Big Bazar : un collectif de chanteurs et danseurs animés par l'esprit post-soixante-huitard et l'idéal de partage.

Vêtus de costumes amples et colorés, les quatorze membres du Big Bazar incarnent une nouvelle façon de faire de la musique ensemble. La troupe propose un spectacle total, mélangeant chant, danse et théâtre. Leur philosophie repose sur l'égalité et la liberté, reflétant les aspirations d'une société en pleine mutation. Dès l'été 1972, le succès est au rendez-vous avec Une belle histoire, qui se vend à un million d'exemplaires. Cette chanson d'amour optimiste résonne encore aujourd'hui et constitue un excellent exercice pour travailler les accords au piano grâce à sa structure harmonique accessible.

Les succès s'enchaînent. Attention mesdames et messieurs, Fais comme l'oiseau – adaptation d'un titre brésilien découvert lors d'un voyage à Rio de Janeiro –, Chante comme si tu devais mourir demain et Bravo Monsieur le monde deviennent des hymnes à la vie. Le Big Bazar remplit l'Olympia à plusieurs reprises entre 1973 et 1976, incarnant la fête, l'espoir et la fraternité.

En 1974, le projet se concrétise au cinéma avec le film Un jour, la fête, bien que l'accueil commercial soit décevant. Malgré ce revers, les tournées continuent sous chapiteau, à la manière d'un cirque itinérant. Le groupe sort plusieurs albums jusqu'en 1976, incluant des titres comme Le Printemps et Les Acadiens, qui témoignent de l'ouverture musicale de Fugain vers les musiques folkloriques d'Europe et d'Amérique.

Pourtant, en novembre 1976, Michel Fugain annonce la dissolution du Big Bazar. L'inspiration s'essouffle, la société française évolue, et l'optimisme débordant de la troupe semble décalé face aux nouvelles réalités économiques. Cette aventure de cinq ans reste néanmoins un moment fondateur de la variété française, révolutionnant les codes du spectacle musical.

Une Carrière Solo Ponctuée d'Épreuves et de Renouveau

Après le Big Bazar, Michel Fugain ne renonce pas. En juin 1977, il orchestre une grande fête populaire au Havre, imaginant un carnaval où les habitants se réapproprient l'espace public. C'est à cette occasion qu'il compose Le Chiffon rouge, chanson militante qui deviendra l'hymne de nombreuses luttes sociales des années 1970 et 1980, notamment lors des manifestations de la CGT.

Il poursuit en saltimbanque, créant des spectacles inspirés de la commedia dell'arte. L'album Faites-moi danser ! sort en 1978, suivi d'une tournée à l'Olympia. En 1979, il fonde un atelier-école aux studios de la Victorine à Nice, transmettant son expérience à de jeunes artistes. Cette démarche pédagogique révèle son désir de partager son savoir, même s'il reconnaît ne pas être un enseignant naturel.

Les années 1980 s'avèrent plus difficiles. Déçu par son émission télévisée Les Fugues à Fugain sur TF1, confronté à des problèmes personnels, Michel Fugain traverse une période sombre. Mais en 1986, le titre Viva la vida marque son retour médiatique. Trois ans plus tard, Un café et l'addition relance véritablement sa carrière avec des chansons comme Chaque jour de plus et Les Années guitare.

Le début des années 1990 confirme ce renouveau. L'album Sucré-Salé sort en 1992 avec Forteresse, ballade touchante sur la fragilité des êtres. Michel Fugain enchaîne les tournées, se produit à l'Olympia et retrouve son public. Ses collaborations se multiplient : il reprend Je n'aurai pas le temps avec Jean-Jacques Goldman pour Les Enfoirés, revisite ses classiques avec des artistes comme Maurane et I Muvrini, et compose pour Michel Sardou.

Mais en 2002, le drame frappe. Sa fille Laurette, atteinte de leucémie, décède à vingt-deux ans malgré une greffe de moelle osseuse. Cet événement tragique met un coup d'arrêt brutal à sa carrière. Son épouse Stéphanie crée l'Association Laurette Fugain pour lutter contre cette maladie, tandis que Michel trouve dans la musique une thérapie pour continuer à vivre. « Ce que je vis là, je le vis à ta place », confie-t-il en pensée à sa fille disparue.

Un Héritage Musical Vivant et Populaire

La compilation C'est pas de l'amour, mais c'est tout comme, sortie en 2004, se vend à 200 000 exemplaires et prouve que le public n'a pas oublié Michel Fugain. Jean-Claude Camus, producteur des spectacles de Johnny Hallyday, le convainc de remonter sur scène. Le spectacle Attention mesdames et messieurs… est présenté aux Folies Bergère en 2005-2006. Bien que mitigé sur cette expérience, Fugain ne s'arrête pas là.

En 2007, il rend hommage aux artistes qui l'ont inspiré avec l'album Bravo et merci !, mettant en musique leurs textes. Cette même année, il publie son autobiographie Des rires et une larme. Il reçoit en 2009 le titre de commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres, reconnaissance officielle de sa contribution à la culture française.

Malgré l'annonce répétée d'arrêter les enregistrements, Michel Fugain revient régulièrement avec de nouveaux projets. En 2013, le Projet Pluribus réunit une nouvelle génération d'artistes autour de ses chansons revisitées. Il propose en 2017 une causerie musicale au théâtre de l'Atelier, format intimiste où il partage anecdotes et réflexions. Pendant la pandémie de Covid-19, il reprend Les Chevaux sauvages pour rendre hommage au personnel soignant.

En mai 2022, il célèbre ses 80 ans sur la scène de Bobino avec le spectacle Fugain fait Bandapart. Aujourd'hui encore, ses chansons sont apprises dans les écoles et font partie du patrimoine musical français. Le 14 juillet 2017, une fanfare militaire a même joué La Fête lors du défilé sur les Champs-Élysées devant les présidents Macron et Trump.

L'œuvre de Michel Fugain dépasse les modes. Ses influences variées – des Beatles au jazz brésilien, de Kurt Weill aux musiques folkloriques – créent un univers musical riche et accessible. Contrairement aux idées reçues, il se défend d'avoir été hippie, préférant revendiquer son statut de chanteur populaire : « Je revendique pleinement un statut de chanteur populaire, c'est-à-dire accessible à tous. »

Avec une dizaine de millions de disques vendus en cinquante ans de carrière, Michel Fugain incarne une chanson française généreuse, humaniste et festive. Ses mélodies continuent d'enchanter les amateurs de musique et constituent un répertoire idéal pour ceux qui souhaitent apprendre le piano. Qu'il s'agisse de chansons emblématiques comme Une belle histoire ou Je n'aurai pas le temps, les compositions de Fugain offrent une porte d'entrée parfaite vers la musique française au piano, alliant technique accessible et émotion authentique.

Son message demeure universel et intemporel : célébrer la vie, chanter la liberté et cultiver l'espoir, même dans l'adversité. Une philosophie qui résonne particulièrement dans ses mots : « Ce qui me plaît, c'est que la vie continue, les combats continuent, l'envie de vivre et de survivre continue. » À travers son œuvre, Michel Fugain nous invite à faire de chaque instant une belle histoire, à chanter comme si nous devions mourir demain et à faire comme l'oiseau : vivre d'air pur et de liberté.